Yvan Brasdoré

Yvan est né il y a un peu moins de 60ans, en un endroit qui fut il y a longtemps un royaume prospère avant d’être envahi et assimilé par un Empire bien plus puissant. Né de l’union entre deux marchands Yao, spécialisé dans la vente de tissus et de peaux à travers l’île, Yvan était affligé de ce que beaucoup appelèrent une malédiction. Ne grandissant pas autant qu’il aurait dû, portant une chevelure flamboyante, il fut rejeté par tous à l’exception de ses géniteurs. Ces derniers allèrent voir des shamans, des prêtres, des ermites. Quiconque saurait expliquer pourquoi leur enfant bien-aimé était si différent, mais nul ne put les aider. Alors, ils acceptèrent leur sort.

Pendant de  nombreuses années, Yvan vécut uniquement avec ses parents. Ne pouvant être accepté par les jeunes de son âge, il se contenta d’apprendre dans la boutique familiale. L’écriture, la lecture, les mathématiques. Il n’était qu’une petite main, bien sûr, mais il faisait de son mieux pour aider. Avec le temps, Yvan apprit à ne plus faire attention aux moqueries, bousculades et divers harcèlement dont il était victime depuis sa naissance. D’abord naïf, il devint méfiant. De gentil, il devint égoïste. Personne n’allait vraiment avoir pitié de lui et être accepté n’était plus dans ses plans. Grandissant au travers des préjugés, regards mauvais et attitude dédaigneuse, Yvan n’eut d’autres choix que de se durcir pour ne pas sombrer.

Lorsque les Hung se rebellèrent en 371, Yvan avait déjà passé la moitié de sa vie à entretenir ses capacités en tant que marchand. Ayant quitté le domicile familiale pour travailler avec un autre marchand près de la capitale de Kin-yao, Yvan avait appris les dangers de la route, les manigances commerçantes et les bourses échangées sous la table. La révolte Hung fut pour Yvan la chance de s’émanciper complètement de tous ceux qui le traitaient comme un être inférieur. Usant du fait qu’il avait été sous-estimé toute sa vie, le nain roux avait pris le temps d’apprendre à connaître les gens pour éviter les problèmes, ils savaient comment les autres pensaient et surtout comment ils agissaient. Yvan commença petit. Tout d’abord en s’occupant de faire transiter la nourriture entre divers campements militaires. Amassant de l’argent, il étendit son influence au transport de fournitures variées. Pour s’assurer d’obtenir l’exclusivité, notre nain n’hésita pas à financer quelques malandrins pour attaquer les autres convois voir même les siens pour ne pas éveiller les soupçons.

Alors, lorsque les Hung tentèrent de renverser l’empire, Yvan y vit une opportunité comme il ne s’en présentait jamais. Tout autant que son influence commerciale, Yvan étendit également ses relations de l’ombre. Travaillant parfois de concert pour l’armée impériale et pour les rebelles Hung, mais jamais en même temps, Yvan ouvrit quelques succursales et comptoirs qu’il dirigeait à distance, mais sans que son nom ne soit prononcé. Les périodes de guerres étant florissantes pour les affaires, Yvan en profita pour amasser sa fortune, se tenant toujours au courant de ce qu’il se passait sur le terrain, embauchant çà et là des personnes en quête de reconnaissance pour ne rien rater.

Mais une telle conduite lui attira les foudres des autres commerçants. Comment un nain, un être visiblement inférieur, pouvait autant leur faire de l’ombre ? Les sévices ne furent pas longues à attendre. Tout comme il avait lui-même engager des mercenaires pour attaquer les convois, ses propres caravanes furent dévastées de nombreuses fois et seule la fin de la guerre des Hung arrêta ces accroches entre marchands. Toutefois, afin d’éviter que ces attaques ne deviennent routinières, Yvan pris les devants. Profitant du déséquilibre provoquée lors de la fondation des nouvelles provinces, notre marchand se rapprocha des Daimyô de Fukkan, via de très nombreux intermédiaires (aussi riche était-il, Yvan n'était pas noble pour autant), alors qu’il négociait auprès des familles marchandes les plus aisées la fondation d’un établissement visant à réguler le commerce et éviter les attaques entre commerçant.

Ce fut les prémices de la Guilde du Commerce. Les négociations furent rudes et les querelles nombreuses, mais les avantages ne pouvaient être niés : en créant une réglementation stricte mais juste pour encadrer le commerce en Fukkan, il était possible de maintenir un équilibre fragile tout en offrant une protection globale pour les marchands. Là où des guerres de territoires avaient lieu pour qui souhaitait obtenir le marché, il y aurait maintenant un tribunal pour statuer de la légitimité de chaque commerce à exister. Les transactions étaient centralisées, des registres étaient tenus et partagés. Les informations venant des différentes provinces allaient circuler avec plus d’aisance et de facilité, permettant d’améliorer le transfert de marchandises.

Le travail fut de longue haleine et beaucoup eurent du mal à accepter l’idée venant d’un nain. Mais ils n’eurent pas le choix. Par d’habiles alliances, pas forcément très honnêtes, Yvan s’attira l’attention des hauts placés pour qui l’idée de faciliter le commerce était plus que bienvenu, un problème de moins à gérer en quelque sorte et cela rendrait le peuple plus heureux. Ce statut soudain et sa richesse lui apportèrent nombre d’ennemis alors qu’il s’assit sur le siège surplombant ses « pairs ».

Cela fait maintenant 8ans que Yvan s’octroya le titre de Brasdoré et gère la Guilde du Commerce  en tant que Maître officiellement incontesté. N’ayant pas encore totalement tourné son regard sur Ru-nin, il escompte bien y étendre son influence au-delà des quelques comptoirs postés sur les côtes Nord de l’île. Mais l’Empereur y résidant, il lui serait difficile d’agir. Pour l’instant….